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Découvrez le forgeron du village de Ban Vieng Hine

Lors de ma mission humanitaire au sein des tribus Hmong et Khamu du village de Ban Vieng Hine au Laos, j’ai eu l’occasion de rencontrer Saïting. Membre de l’ethnie Hmong et âgé de 61 ans, il est le forgeron du village. Grand-père, paysan, époux et forgeron, je vous propose de découvrir ce nouveau portrait.


Cette interview a été effectuée en lao, au lever du soleil vers 6 heures du matin. Les forgerons travaillent uniquement aux heures fraîches pour éviter la chaleur du soleil qui monte dés 10heure le matin. Il a été traduit par l’intermédiaire du guide francophone qui nous accompagnait au village, avant d’être retranscrit et reformulé pour en faciliter la lecture et la compréhension.


- Bonjour, pouvez-vous nous parlez de vous, de votre histoire et de votre parcours personnel ?


- Sabaïdi. Je suis né en 1958, au bord de la rivière Nam Ou, au Nord du Laos. Je suis arrivé au village de Ban Vieng Hine pendant la guerre du Vietnam, en 1968, où je suis venu me réfugier avec ma famille. Nous avons marché des jours entiers sur des sentiers traversant les montagnes pour arriver jusqu'ici. Nous avions choisi de nous y installer pour ses terres fertiles et pour la forêt primaire qui l’entoure. Quelques années plus tard, je me suis marié et j’ai alors commencé à travailler comme tous les autres villageois dans les champs et les rizières.



- Comment êtes-vous devenu forgeron ?


- A l'origine, j’ai commencé l’activité de forgeron pour mon usage personnel. Je confectionnais moi-même mes outils pour travailler la terre. Puis, petit à petit, j’ai commencé à en fabriquer et à en vendre aux autres villageois. Je peux forger des couteaux, des machettes, des faucilles ou encore des pioches. Ce n’est pas réellement mon métier, je crée des outils en fonction des besoins des habitants. Je suis avant tout un paysan, je me rends aux champs chaque jour pour cultiver mes terres.


Un forgeron professionnel, lui, travaille le métal tous les jours, puis descend vendre ses créations sur les marchés, ce que je ne fais pas.


- Selon la religion animiste Hmong, il faut être choisi par les esprits pour devenir forgeron. Est-ce que ça a été votre cas ?



- Non, pas au départ. Je le faisais sans leur accord. Du coup, j’avais des douleurs régulièrement dans les bras et dans le dos, et mes outils et couteaux n’étaient pas jolis. J’ai donc décidé de faire appel à un sorcier. Il est venu chez moi pour entrer en communication avec l’esprit de mon foyer.


Le Long hong a demandé un coq en offrande lors d’une cérémonie que nous devons renouveler tous les ans. En échange de ce sacrifice, il m’a donné son pardon et l’autorisation de devenir forgeron. A présent mes lames sont parfaites, lisses et tranchantes.



- Où est ce que vous acheter le métal pour fabriquer vos outils ?


- Le métal que j’utilise est de la récupération. Je descends parfois dans la vallée, au marché de Nam Bak pour acheter des pièces de voitures ou des morceaux de bombes. Je retravaille ensuite le métal dans mon atelier. Ces morceaux de bombes sont ramassés par des paysans. Ils les trouvent dans la forêt ou dans les montagnes. Ils les revendent ensuite sur les marchés ou à des ferrailleurs Vietnamiens. Ça peut être une source de revenus importante pour eux.



- Souhaitez-vous transmettre votre savoir-faire à un jeune du village pour qu’il prenne votre relève ?



- Doï, j’aimerais beaucoup. J’attends qu’un jeune se porte volontaire, mais c’est un métier très difficile et épuisant. Modeler le métal en le frappant sur l’enclume demande beaucoup d’énergie, surtout avec la chaleur extérieure additionnée à celle du feu. Aujourd’hui, des couteaux et outils sont à vendre dans les villes sur les marchés. Le métier de forgeron est donc en train de disparaître, il ne présente plus beaucoup d’intérêt dans les villages reculés comme ici.


Les villageois pensent qu’il y a de la magie dans ce métier, c’est pour cela qu’ils l’associent à une décision divine des esprits. Normalement, il faut de l’oxygène pour pouvoir couper les pièces de métal, mais moi je fais sans. Ils pensent donc que ce sont les esprits qui m’ont appris cette technique spéciale et qui m’aident à travailler le métal dans les braises de mon fourneau.





- Je vous remercie d’avoir pris le temps de répondre à mes questions. Je vous laisse travailler à présent, merci pour cette belle présentation de votre activité.




Au village, tous les habitants sont paysans et travaillent dans les champs et dans les rizières. Certains comme Saïting, le forgeron ont des activités complémentaires leur garantissant une seconde source de revenu. C’est pour permettre à leurs enfants de pouvoir choisir eux-mêmes leur avenir, et de faire des choix d’orientation professionnelle que notre association a été créée. « Enfants du Laos » favorise l’accès à l’éducation aux enfants de villages laotiens isolés en leur apportant des outils de travail supplémentaires.


Des sessions de cours sont donnés par des volontaires afin de développer les compétences et les connaissances des enfants. Si vous êtes intéressés par ce type de mission, contactez-nous.

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