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Retour d'expérience de nos volontaires sur la première session d'enseignement.


Ça y est ! Après un an de construction, l'école a accueilli ce mois-ci ses premiers professeurs. Quatre étudiants français sont partis deux semaines y enseigner l’anglais et l’informatique. Comme c'est la première fois que nous envoyons des volontaires au village, nous avions beaucoup d'inconnus au tableau. Les élèves seront ils réceptifs aux cours ? Assidus ? Aura-t-on de l’électricité ? De quoi se doucher ? Nos jeunes volontaires ce sont donc lancés à l’aveugle dans cette nouvelle aventure.


Mai 2019, départ de nos volontaires en mission humanitaire au village Hmong

Accompagné par toute l’équipe dEnfants du Laos, je me suis rendue avec 3 autres volontaires et un guide-traducteur au village reculé de Vieng Hine, dans la province laotienne de Nongkhiaw. Le but de notre mission ? Assurer la première session de cours dans l’école. Cela nous permettra ensuite de concevoir un programme pédagogique adapté pour aider les élèves du village à gagner en compétence. L’accès à l’éducation leur offrira ainsi une chance de pouvoir, s'ils le veulent, choisir autre chose que le travail dans les champs et les rizières.

Les deux ethnies Hmong et Khamu cohabitent dans ce village de terre battue. Une partie des maisons est encore construite en bambou avec des toits de chaume. Tous sont paysans et travaillent aux champs toute l’année, coupés du monde extérieur.

Nous sommes donc arrivés là-bas, les bras chargés de matériel scolaire et informatique précédemment collecté, avant de découvrir dans quelles conditions nous allions vivre durant les deux semaines à venir.

Quelles-ont été les conditions de vie de nos volontaires au village ?

C’est dans une cabane à moitié en parpaing et en bambou que nous avons été logé. Ambiance camping dans un dortoir meublé par trois grands lits en bambou et de fins matelas de mousse sous de grandes moustiquaires. A l’extérieur, nous avions des toilettes et une petite pièce pour se laver. Dans cette « salle d’eau », il y avait un grand sceau remplit d’eau de la rivière lorsque la pression était suffisante pour l’acheminer jusque-là. Ainsi, nous pouvions nous doucher à l’aide d’une petite casserole. Sans grand confort, on retrouve l’essentiel pour vivre simplement, en totale autarcie au sein des deux ethnies. Dépaysement garanti.

Les repas avaient lieu sur la terrasse de la maison de Monsieur Bouassi le sous chef de l'école, qui nous accueillait. C'est en grande partie grâce à lui que le projet s'est réalisé. Nous avions vu sur leur ferme avec toutes sortes de volailles destinées au bouillon ou à la vente. Les plats cuisinés par les habitants étaient principalement composés de petits morceaux de viande et divers légumes produits au village, ou cueillis dans la montagne. Ils accompagnaient les bouillons et le riz blanc, élément essentiel de l’alimentation des villageois.

Certaines spécialités nous ont aussi été servis comme des plats de têtes et pattes de canards, soupe de sang de canard, ou encore gibiers chassés par les villageois dans les montagnes. Chamois, varan ou cobra. Tout ce qui provient de la forêt et vit dans les montagnes se mange ici pour la simple raison qu'ils n'ont pas de marché. La forêt est donc leur grande surface ! Nous demandions à nos hôtes de remplacer la viande par des œufs, afin d’avoir un repas complet et plus proche de nos habitudes alimentaires.

Installation des ordinateurs dans la salle construite par notre association

Une fois que nous nous sommes installés dans nos quartiers pour les semaines à venir, il a fallu installer les 11 ordinateurs et le tableau blanc dans la salle informatique construite en partie par l’équipe BATISAFE courant 2018. L’association étudiante fondée par les trois autres volontaires qui m’ont accompagné, « Help’n solidarity » a quant à elle financé le mobilier de la salle.

Comment se sont déroulés les cours avec les enfants ?

Les enfants de l’école ont été divisé en 4 groupes de 22 élèves, tous âgés de 8 à 12 ans suivant les classes, ce qui correspond à des élèves de primaire du CE1 au CM2 en France. Chaque groupe a assisté à 4 leçons de 1h30, mélangeant l’anglais et de l’informatique.

Au programme de cette première session expérimentale de cours, l’apprentissage de l’utilisation du clavier et de la souris, mais aussi du vocabulaire anglais en lien avec l’informatique.

Nous avons aussi appris aux enfants à se servir de l’outil de traitement de texte Word. Savoir se présenter à l’écrit en Lao et en anglais, et utiliser les deux alphabets. Ces sessions ont été rendues le plus ludique possible pour obtenir l’attention des enfants et les intéresser au maximum à travers divers jeux et exercices communs.


Les enfants ont été réceptifs et assidus. Les premiers jours, nous avions peur qu’ils ne s’intéressent pas en classe, ou que le taux d’absentéisme soit important. Beaucoup de parents n’ont pas encore conscience de l’importance de l’éducation. Ils emmènent leurs enfants travailler aux champs avec eux, ou les laissent faire l’école buissonnière et vadrouiller dans le village.

Les premiers jours passés et leur timidité effacée, les enfants participaient pendant les leçons et montraient beaucoup de volonté et de plaisir à apprendre l’anglais, et quelques mots en français tels que « merci beaucoup » et « au revoir ». La fierté se lisait sur leurs visages lorsqu’ils sortaient de classe répétant à tue-tête les nouveaux mots appris. Cette fierté et leurs sourires étaient le plus beau cadeau que ces enfants pouvaient nous offrir. C’était source de motivation et de satisfaction personnelle pour nous.

Par contre les cours pour adultes se sont avérés plus difficiles ... au départ

Plus d’une vingtaine d’adultes souhaitant apprendre ou approfondir leurs connaissances des outils informatiques ont participé aux cours du soir que nous organisions de 19h30 à 21h. L’objectif était de répondre aux attentes de chacun en fonction de leurs besoins spécifiques, et ce malgré la barrière de la langue.

Par exemple, nous avons appris aux professeurs à numériser leurs listes d’élèves et tableau de résultats des notes. Ils ont ainsi pu créer un outil numérique calculant automatiquement la moyenne de chaque enfant une fois leurs notes rentrées dans le tableau. Certains ont appris à rédiger des lettres officielles pour rendre des rapports ou courriers numériques, tandis que d’autres découvraient encore pour la première fois de leur vie un ordinateur.

Initiation à l’informatique, approfondissement de l’utilisation des outils Word et/ou Excel, ou encore cours plus poussés en anglais ont eu lieu pendant 10 jours, chaque soir. Cette tâche était certainement la plus complexe, car peu d’adultes ont été au collège. Beaucoup travaillent depuis qu’ils ont terminé l’école primaire, et ont oublié en partie comment lire et écrire. Les illettrés sont nombreux au village, surtout concernant les femmes.

Activités organisées par les volontaires pour les enfants après l'école

Le rapport interculturel entre français et laos a été une vraie réussite. Les enfants se sont rapidement attachés à nous, et vis-versa. Le cours de l’après-midi terminé, nous allions jouer avec eux ou leur organisions des activités.

Les parties endiablées de volley avec les maîtresses et élèves, de football pour la plupart des garçons ou encore de frisbee étaient quotidiennes et immanquables. Pour les moins sportifs, nous proposions des activités plus calmes. Jeux de carte pour faciliter l’apprentissage de mots anglais (fruits et animaux), créés par nos soins, ou encore des temps de dessin.


Nos échanges avec les enfants étaient basés sur le partage. Les enfants étaient fiers de pouvoir nous montrer eux aussi leur savoir et leurs jeux tel que les osselets ; ou encore leur connaissance de la nature et de l’environnement qui les entoure. Par exemple, ils nous emmenaient dans la montagne après l’école, et nous faisaient manger des fruits et des graines en chemin qu’ils ramassaient avec fierté. Ils se chamaillaient pour nous tenir par la main, et nous entraîner à travers tout le village.

Ces échanges étaient pour nous une preuve de la réussite de notre mission. Nous suivions les enfants après l’école à la découverte de leur univers, dans lequel ils nous acceptaient et nous laissaient une place. Nous ne pouvions pas espérer mieux, et leur donnions réciproquement toute notre attention, comme eux le faisaient durant nos cours.

Fin de notre voyage solidaire, spectacle de danses traditionnelles des enfants et cérémonie de remerciements des villageois

Pour clôturer ces deux semaines de leçons, tout le village s’est affairé à préparer une cérémonie et une fête pour notre départ.

L’équipe d’Enfant du Laos nous a rejoint en fin d’après-midi pour assister avec nous à une cérémonie animiste, le « baci ». Des fils de coton blanc nous ont été noués aux poignets après que les sacrifices et offrandes est été offertes aux esprits. Des vœux de réussite, de santé et de bonheur nous ont été dits en guise de remerciement. Cette cérémonie, menée par le guérisseur du village a été un véritable honneur pour nous. Ces bracelets de coton à nos poignets symbolisent pour nous le succès de cette expérience, tant auprès des adultes que des enfants. Ils n’avaient rien à offrir, seulement leur amour et leur bienveillance, et nous ont appris le bonheur simple, loin de notre quotidien occidental.


Puis une assemblée avec les membres officiels du village - le directeur de l’école, le chef du village et ses assistants, l’ensemble des professeurs de l’école - se sont réunis pour faire un rapport concernant notre venue. Après quelques discours et remerciements, les enfants aidés par leurs professeurs ont organisé un spectacle de danses. Mélange parfait des deux cultures, les enfants nous ont présentés des danses typiques de leurs deux ethnies, Hmong et Khamu, ainsi que des danses Lao mêlant les deux peuples.

Suite à ce merveilleux spectacle, nous avons mangé tous ensemble, célébrant l’amitié franco-lao, et la réussite de ce premier projet.

Le lendemain, c’est avec une profonde tristesse et des larmes pleins les yeux pour certains que nous avons quittés le village de Vieng Hine, et la centaine de sourires d’enfants qui nous accueillait chaque jour.

Cette session d'enseignement de 10 jours au village restera un souvenir inoubliable pour nous quatre tout comme pour les villageois. Personnellement, ce fut une merveilleuse expérience !

Et au-delà de cela, une vraie réussite. La construction de cette école informatique est un véritable changement positif pour le village reculé de Vieng Hine. La réceptivité du village entier, adultes comme enfants, laisse présager d’autres missions de ce type, qui laisseront des étoiles pleins les yeux aux prochains volontaires.


Nous mettons d’ores et déjà tout en œuvre pour trouver d’autres volontaires, et préparer de futures missions pour continuer d’aider le développement éducatif du village. Ce projet n’aurait pas pu avoir lieu sans vos dons, et toute l’équipe d’Enfants du Laos vous en remercie !

Rédaction : Morgan Cotel, le 21 Mai 2019

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